(24 Janvier 2021) Un panneau de chantier qui indique une future construction dans le terrain mitoyen de cette maison chargée d'histoire m'incite à prendre quelques vues de cette bâtisse pendant que l'espace le permet encore, après il ne sera peut être plus possible d'immortaliser cette fabrique de la veuve Durand. J'ai toujours pensé qu'il s'agissait là d'une ancienne chapelle, à tort semble t'il.
La fabrique à soie de la veuve Durand, située avenue Becquerel à Saint Paul Trois Châteaux, est construite sur un Beal, petit canal de drainage, d'un ancien moulin à farine, moulin aujourd'hui transformé en habitation situé juste a quelques pas de là.
On élève les vers à soie dans des chambres chauffées appelées « magnaneries » selon un terme issu de l’occitan, la culture de la soie ayant commencé en France dans le midi. En France, la production de soie prit son essor sous Charles VIII qui fit planter des mûriers venus de Sicile et de Naples dans la région de Montélimar et encouragea les fabriques de soie de Lyon et de Tours par l’octroi de privilèges.
Puis Henri IV, sur les conseils d’ Olivier de Serres, fit intensifier la plantation de mûriers, fournissant aux agriculteurs gratuitement plants et graines de mûriers, ainsi que les œufs de bombyx.
400.000 mûriers sont plantés dans la Drôme, le Gard et l'Ardèche, le climat est propice, on voit apparaître des magnaneries pour la sériciculture . En 1850, la sériciculture française attint un très bon niveau et Lyon devint un haut lieu de la soierie.
En 1876, à Saint Paul Trois Châteaux, les trois quarts des habitants élèvent des vers à soie. En 1882, 33 hectares de terres du Tricastin sont occupés par des mûriers. En 1938, année de la mise au point du nylon, la surface occupée tombe à 7 hectares, c'est le déclin, puis la disparition après la seconde guerre mondiale.
L'origine de la soie se trouve dans les œufs de la grosseur d'une tête d'épingle, que le sériciculteur laisse incuber douze jours à une température de 25°C. Les vers naissent sous la forme de minuscule bâtonnets, dont le but essentiel est de se nourrir de feuilles de mûriers. En quatre semaines, ils atteignent la taille adulte (7 centimètres).
Nés noirs, ils sont devenus blancs, ils s'agrippent à une branche et crachent la soie pour fabriquer leur cocon. Ce sont ces cocons qui servent à la confection du fils à soie, opération menée à bien dans les filatures, dont la fabrique de la veuve Durand.
La fabrique de la veuve Durand est construite en 1838. En 1882, cette fabrique emploie une vingtaine de personnes femmes et enfants. Les femmes reçoivent 0.90francs par jour, les enfants entre 0.50 et 0.60. Un ouvrier gagne de 2.50 à 5.00 francs par jours
Racheté par un particulier il y à quelques années, ce bâtiment à était transformé en plusieurs appartements. Des travaux de construction de résidence doivent avoir lieu prochainement juste sur le terrain jouxtant la fabrique et risque de cacher la vue de ce bâtiment du patrimoine Tricastin