Dimanche ensoleillé ce 04 février 2018, pas de mistral, un temps à ne surtout ne pas rester enfermé, la météo nous annonce des jours frileux à venir cette semaine, vite de l'air et direction Saint-Pierre, petite commune rattachée à Bollène ou je viens de découvrir que des travaux de sauvegarde ont été réalisés sur certaines maisons du village troglodyte, une des belles promenades de la région... Beaucoup de monde en visite aujourd'hui.
Circulation interdite à tout véhicules...il faudrait inventer un panneau "Interdit aux Abrutis", explications plus bas dans cette note.
Nous y sommes, bienvenue sur le site du Barry, magnifique village troglodyte dans son jus, pas encore la réputation des Baux de Provence mais...attendons pour voir.
A l'entrée du site, la chapelle de Notre-Dame-d'Espérance du Barry récemment restaurée, magnifique toit de Lauze.
Des habitations creusées dans la pierre en l'occurrence une molasse sableuse dite "safre". C'est un calcaire tendre qui se travaille très facilement à l'aide d'une herminette, une sorte de petite pioche de la taille d'un marteau.
Pas fous nos anciens , les maisons sont toutes creusées sur le versant Sud de la colline, bien à l'abri du mistral, du soleil toute la journée.
Les linteaux de certaines fenêtres et portes sont tirés des carrières de molasses souterraines situées sur le plateau. Ces pierres plus résistantes assurées la stabilité des ouvertures.
Plusieurs maisons possèdent un étage supérieur, on y accède par un escalier ou par une échelle passant dans un trou percé au plafond.
L'arche intérieur restaurée il y a peu de temps, la ville de Bollène entreprends régulièrement des campagnes de sauvegarde de ce village et c'est tant mieux.
La fontaine et le lavoir qui n'ont plus vu d'eau depuis sûrement fort longtemps. Construite en 1860, elle était alimentée par une galerie de captage percée au nord de la colline du château. L'eau arrivait par une conduite faite de tuyaux de poterie, comme j'en ai récemment vu du côté du plan incliné de Saint-Paul-Trois-Châteaux
Une soue, ou étable à cochons, creusées prés de la maison, abritait un ou deux cochons, principale source de protéines. Tout est bon dans le cochon, la viande était salée ou conservée dans le saindoux.
Des ornières bien profondes, signe d'une circulation intense en raison du transport des cubes de pierres de molasse extraites des carrières du plateau
Le village semble avoir atteint son apogée au XVIIIe siècle. Le recensement de 1763 dénombrait 88 foyers regroupant 478 âmes. Le même recensement donnait 3137 âmes à la ville de Bollène dont dépendait Barri. Ce fut ensuite un dépeuplement inexorable au profit de la plaine. En 1828, seuls 33 propriétaires habitaient le village, soit un peu plus d’une centaine d’âmes. En 1882, on tombait à 16 propriétaires. En 1906, seuls deux habitants restaient sur place. Quant à l’alimentation en eau du site, hors la fontaine aménagée au XIXe siècle, on retrouve trace de citernes ou de pièges à eau, ces petits tunnels creusés pour recueillir l’eau suintant sur des strates imperméables.
Un réservoir d'eau ou une cuve de vinification récemment restaurée qui témoignerais de la présence de vignes proche du village.
Plusieurs petites niches creusées dans les parois de la maison, pour l'éclairage de l'époque, bougie ou lampe à huile. Dans d'autres maisons il y a même un bac d'évier, certaines possédaient un puits particulier, l'eau provenait d'infiltration d'eau de pluie à travers la roche.
Le village a été abandonné à la fin du XIXe siècle. En raison des risques d'éboulement et la mort de quelques habitants ensevelis dans leurs habitations, les habitants se sont repliés plus bas dans le village de Saint-Pierre.
Certains restaurent les lieux et d'autres "imbéciles" détruisent le travail des précédents, et je pèse mes mots !
Les mêmes "abrutis" sont passés par là et détruit cette table d'orientation en "émaux de la Gabriole".
Un peu longue cette note, plus de 100 photos prisent ce jour là, j'avais a faire un choix, mais il est vrai qu'une fois arrivé dans ce village, tout est beau à voir, l'impression d'un retour vers le passé un siècle en arrière, que du bonheur.
Quelques cartes postale anciennes de ma collection, j'aime beaucoup celle avec la terrasse du restaurant "La Caverne"
La Dauphiné du 26/02/2016, un article intéressant concernant la prolifération des arbres dans ce village du Barry, jugée dangereuse d'après un amoureux de ce site, Monsieur Jean Maupeu