(18/09/2019) Je le trouve très joli ce monument…Ce Mémorial de La Terreur, monument érigé en hommage aux 332 guillotinés d’Orange, dont 32 religieuses martyres. L'érection de ce monument marque le 225ème anniversaire de ces crimes liberticides. Monument inauguré ce mardi 9 Juillet 2019 sous la présidence de Monsieur le Maire d’Orange Jacques Bompard, en présence de l’Archevêque d’Avignon Monseigneur Jean-Pierre Cattenoz, et des familles descendantes des victimes. Monument qui a fait couler beaucoup d'encre semble t'il, mais il est nullement question pour moi de prendre parti pour le maire ou ses opposants, je suis venu voir ce monument parce que je le trouve beau et par respect pour l'artiste et son œuvre.
Pour parler de ce monument rien de mieux que des extraits du discours du Maire d’Orange prononcé le jour de l'inauguration et tiré du site de la ville d'Orange: www.ville-orange.fr
"Pendant plus d’un an, un crèpe lugubre va couvrir nos fertiles campagnes, selon les mots de l’Etat-Major de la Garde nationale d’Orange. Une commission populaire emmenée par le représentant du peuple Maignet décide de s’installer à Orange de mai à août 1794, seule place sûre au milieu du Comtat réputé « diabolique » pour les soldats de la jeune République...
...Mais, au fait, pourquoi un Mémorial de la Terreur ? Pourquoi, plus de deux siècles après les faits, le recueillement et la permanence du souvenir sont-ils toujours intacts ? Qu’est-ce qui explique la honte, toujours indélébile, qui s’attache aux événements de Messidor et de Thermidor de l’An II de notre République ? (...)
32 religieuses ont été arrêtées, condamnées à mort et guillotinées pour avoir refusé l’apostasie d’un serment et avoir manifesté jusque sur l’échafaud leur liberté de conscience. C’est un fait. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé ni raconté ainsi.
Ces sœurs ont été béatifiées en 1925. Cette année, leur procès en canonisation est relancé. Aujourd’hui, le maire que je suis, à la suite de Rodolphe d’Aymard, est heureux de mener à son terme une volonté municipale qui me dépasse tant dans le temps que dans l’action. Vous ne voyez pas ici la démonstration du bon vouloir de Jacques Bompard.
Ce Mémorial, au contraire, illustre une permanence née au lendemain des terribles massacres de l’été 1794, quand, dans les brumes nocturnes de Martignan, les Orangeois se recueillaient déjà sur le charnier où reposaient leurs proches, et que les autorités d’alors craignaient quelque trouble vengeur qui ne survint jamais.
Auguste Caristie, le célèbre architecte des Monuments Historiques à qui Orange doit tant, a été mandaté par la Ville pour créer un premier monument expiatoire à ce même endroit. Les bouleversements de 1830 n’en ont laissé aucune trace.
Désormais, les passions ne sont pas toutes apaisées, mais les protagonistes ont disparu. 225 ans plus tard, il est grand temps, non pas d’effacer le passé, mais de se réconcilier avec lui, de l’accepter et d’aller à sa rencontre par l’Art et la prière. (...)
Le destin de ces religieuses, de ces ouvriers, de ces paysans, n’est-il pas la résurgence du mythe d’Antigone, cette jeune fille grecque qui s’oppose à la loi du tyran pour satisfaire à l’obéissance de la Tradition ?
Les Maignet, les Viot, les Fauvety ne sont que les Créon terroristes que chaque époque de troubles voit naître. Face à eux, il faut maintenir la petite flamme de l’esprit critique et de la volonté pour que, par-delà l’adversité et parfois la mort, finisse par triompher la Vérité ! Puisse ce Mémorial nous aider, ainsi que les générations futures, à y parvenir." (Fin de l'extrait du discour, vidéo compléte en piéce jointe en bas de page)
Projet de monument expiatoire à la mémoire des 322 victimes du tribunal révolutionnaire, dessin lithographique d'après les plans d'Auguste Caristie, XIXè siècle, gravure colorée.(Photo hors-série Orange Juillet 2017)
Père Hubert Lelièvre : Accusées « d’avoir voulu détruire la république par le fanatisme et la superstition », elles ont toutes refusé de renier leurs convictions religieuses, ce qui leur aurait pourtant évité la peine de mort. Jusqu’au bout, elles ont manifesté une foi inébranlable, elles chantaient et priaient, l’une d’elles a embrassé une marche en montant à l’échafaud, une autre a distribué des dragées à leurs persécuteurs… Leur conduite, le respect dont elles ont fait preuve envers les personnes qui les envoyaient à la mort témoignent d’une extraordinaire liberté intérieure et montrent que rien ne peut éteindre la voix de l’âme. Elles sont un soutien et un encouragement pour tous.
Après leur mort, les corps ont été jetés dans des fosses communes. Même après que tout cela ait été terminé et que les fosses aient été comblées, le paysan qui travaillait les champs a respecté le lieu et n’a jamais rien voulu y planter. C’est sur l’une de ces fosses qu’a été construite la chapelle du Gabet dans les années 1830. Depuis, chaque année, des centaines de personnes viennent y prier et confier leurs intentions.(Photo hors-série Orange Juillet 2017)
Les sœurs guillotinées en juillet 1794 appartenaient à différentes congrégations : 16 ursulines, 13 sacramentines, 2 cisterciennes, 1 bénédictine, la plupart d’entre elles venaient de Bollène.
L’œuvre du sculpteur franco-russe Boris Lejeune, peintre et poète français né à Kiev en 1947. Il fait ses études de sculpture à l'Académie russe des beaux-arts à Saint-Pétersbourg, d'où il sort diplômé en 1974
Ce n'est pas un hasard si le monument est disposé proche du théâtre municipal, la guillotine se située à cet endroit précis.
Un comportement remarquable qui fera dire à leurs bourreaux « Ces bougresses là meurent toutes en riant »…
Merci à la ville D'Orange d'avoir laissé sur ce mémorial, à disposition des visiteurs, ce hors-série consacré à cette oeuvre.
Dévoilement du Mémorial de la Terreur
"Pendant plus d'un an, un crèpe lugubre va couvrir nos fertiles campagnes, selon les mots de l'Etat-Major de la Garde nationale d'Orange. Une commission populaire emmenée par le représentant du ...