Juillet 2019, lors de mon séjour en Alsace, un sujet m'intéressait en particulier, l'histoire des monuments aux morts ainsi que l'histoire des Malgré-Nous, ces soldats nés Français vivant dans une Alsace annexée par l'Allemagne et incorporés de force dans l'armée Allemande, il est vrai que dans cette région qui changea maintes fois de nationalité, il n'était pas évident de choisir son camp, difficile de blâmer qui que ce soit dans ces conditions. Devant l'ampleur de la tragédie, prés d'un million de morts pendant ces quatre années de conflit, la république française décide que chaque commune devra ériger un monument aux morts. La loi du 25 Octobre 1919 "relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la grande guerre" rend les communes actrices de cette expression du deuil national.
La commune de Biesheim à ses enfants victimes des guerres 1914/1918 1939/1945. Joli monument avec représentation d'une femme en deuil et en costume traditionnel.
En Alsace, redevenue française après 47 ans d'annexion, des spécificités sont perceptibles dans la création des monuments, en raison de l'histoire complexe de cette région ballotée entre France et Allemagne et ou une grande partie des hommes ont fait la guerre sous l'uniforme Allemand.
Eguishem, représentation symbolique de Jeanne d'Arc. A ses victimes des deux guerres Eguishem reconnaissant.
La persistance du régime concordataire dans une terre fortement marquée par la religion est à l'origine de différences par rapport au reste du pays. Ces signes religieux sont perceptibles sur les monuments aux morts Alsaciens. Malgré cela, la République octroie les mêmes subventions pour la construction des monuments en Alsace que partout ailleurs, mais avec quelques contraintes.
Orschwihr, monument à colonnes avec ornementation religieuse et croix latine au sommet. A la mémoire de ses morts des guerres 1914/1918 et 1939/1945.
Dans la région on ne trouve pas de représentation réaliste du poilu, pas de coq gaulois et aucune référence au soldat Allemand. Par contre, les références religieuses sont autorisées et beaucoup de monuments sont ornés de Pietà qui rappellent la douleur des mères, de croix, de statues de Jeanne D'arc ou de la vierge de Lourdes, patronne des combattants.
Riquewhir, représentation féminine symbolique d'une femme, une Victoire ailée. La ville de Riquewihr à ses victimes des guerres de 1914-18 et 1939-45.
Les inscriptions révèlent le même souci de discrétion dans une situation pour le moins ambiguë. Les traditionnelles mentions "Morts Pour La France" ou "Morts Pour La patrie" sont remplacées par des phrases plus neutres et laconiques ou domine la formule "à nos morts". Les personnes inscrites ne sont pas qualifiés de soldats, mais d'enfants de la commune concernée, de victimes aussi bien civiles que militaires dont il faut honorer la mémoire.
Ces édifices, dans l'Alsace des années 1920, sont majoritairement érigés dans les cimetières ou à proximité des églises. Pour les autres , ils sont situés dans un emplacement neutre, plus rarement sur la place de la mairie. Dans l'ensemble , les monuments Alsaciens de la guerre 1914-1918 n'affichent donc pas un tableau d'honneur patriotique et héroïque , mais une liste des victimes de l'histoire dont il faut garder la mémoire.
Mutzenheim, ornementation végétale avec guirlande, ornementation militaire, armes, équipement militaire, casque. La commune de Muntzenheim à ses enfants victimes des guerres 1914 - 1918 / 1939 - 1945.
Bischwihr, à nos enfants victimes des guerres, représentation féminine avec divers attributs et couronne mortuaire.
Weckolsheim, représentations religieuses, Vierge Pieta. Ornementation religieuse, croix latine pattée.
Hussseren-Les-Châteaux, représentations féminines, symbolique de Jeanne d'Arc. La commune de Husseren-Les-Châteaux à ses enfants victimes de guerre.