22 Avril 2023, il suffit parfois de peu de chose, un petit apéritif chez un producteur local de mes amis pour découvrir ces petits trésors de patrimoine dont on ignore l'existence, une revue du magasine mise de côté pour moi et me voici parti sur Grignan pour découvrir cette "Vierge du Vœu" qui vivait cachée depuis de nombreuses années. La majeur partie des commentaires ci dessous proviennent d'une rubrique parue dans le bulletin municipale N°108 de la ville de Grignan de Février 2023.
A ma décharge, je suis passé quelque fois devant cette oratoire en vélo sans jamais le voir et pour cause, il était entièrement caché par la végétation en atteste cette photo que je copie ce jour sur Google Map.
L’oratoire du Paradis se trouve à l’embranchement de la route de Montélimar et du chemin du paradis. Situé au pied du serre de Rochecourbière, à l'intersection de la route D541 et du chemin du Paradis, non loin de la piscine municipale. Chemin du Paradis, ca ne s'invente pas.
Invisible depuis la route pendant de nombreuses années, la nature ayant repris sa place et les arbres ont peu à peu absorbé le monument. Nous sommes ici en présence d'un témoignage important et émouvant de l’histoire de Grignan ayant pour référence la fin de seconde guerre mondiale, rien que çà.
Durant la dernière guerre, la paroisse de Grignan, sous la houlette de son curé le père Lachave, avait fait le vœu d’ériger un monument à la Vierge si le village et son château sortaient indemnes des combats et des destructions.
Grignan fut libéré intact le 27 août 1944 par des éléments de la 3ème division d’infanterie américaine. Une stèle, située juste en face de cette vierge, commémore cet évènement.
Le regretté Jean Gachon rapporte dans son livre « Rien ne va bien, Mme la Marquise », que les libérateurs américains, arrivés par le chemin du Paradis, craignaient que des unités allemandes se cachassent dans le village et le Château . Ils allaient les bombarder.
« Le dimanche 27 août, ceint de son écharpe de maire et portant, en guise de drapeau blanc, une grande serviette de table fixée sur un simple manche à balai, le Dr Vergier, au mépris du danger, traversa la ligne des combats pour se porter au-devant des américains, donnant sa parole d’officier qu’aucun nid de résistant allemand n’existait au château, les suppliant d’épargner ce haut lieu rendu célèbre par Mme de Sévigné. Egalement connu Outre-Atlantique, la Marquise, inhumée à la portée du canon, n’est sans doute pas étrangère non plus à la protection du village ! Un autre courageux Grignanais, le plombier Abel Jean, accompagnait le Dr Vergier avec la même abnégation et la même modestie ». « Le curé Lachave (…) voyait avec l’œil de la foi le bras bénissant de Marie dans cette sauvegarde.
Dans le sermon très abrégé qu’il fit à la grand-messe du dimanche 27 août, alors que le canon tonnait déjà de tous cotés, il avait déclaré en substance – et je le cite parce que j’y étais : Mes bien chers frères, je crois que nous n’allons pas nous attarder, mais faisons le vœu de construite une chapelle à la Vierge si elle protège Grignan de la destruction. Vœu qui a été tenu, concrétisé par le bel oratoire de Notre Dame du Paradis (…) » Jean Gachon, extrait de « Rien ne va bien, Madame la Marquise »
Le malheur fut évité de justesse grâce à la force de persuasion du maire, le docteur Vergier, qui sut expliquer en anglais que l’ennemi s’était enfui. Le vœu fut respecté. Un oratoire fut érigé. Le 29 juin 1947, on procéda, selon l’image pieuse éditée pour l’occasion, à l’ « inauguration du monument élevé à la gloire de la Sainte Vierge et à la bénédiction de la Statue de Notre-Dame du Paradis, en reconnaissance de sa maternelle protection lors des évènements de 1940-1945 ». (Bruno Durieux dans le bulletin municipale N°108 de la ville de Grignan.)
Ce vœu du père Lachave me fait dire ici que je suis en présence d'une "vierge du vœu", une spécificité Drômoise. Monument que je classerais donc parmi les vierges du Vœu de la Drôme, vœu prononcé le 9 juillet 1944. Ce que confirme d'ailleurs le site "Oratoires.com" ci après...Celle ci est la 49éme que je visite, un site dédier à ce voeu en recense plus de 80, j'ai encore quelques balades à prévoir.
..."L'oratoire ne porte aucune plaque ou inscription faisant référence au voeu de 1944. Cependant, sa construction à la suite immédiate de la Seconde Guerre mondiale laisse penser qu'on a à faire ici à une de ces nombreuses "Vierges du Voeu" érigées dans la Drôme suite au voeu de Mgr Camille Pic, évêque de Valence, le 15 août 1944. A Grignan, c'est le chanoine Lachave qui a eu l'initiative de ce monument en remerciement à Marie pour la protection de la paroisse."
L'origine de la statuaire des Vierges du voeu, visible dans plusieurs communes de la Drôme, est double. Le 9 juillet 1944, à Die, l'abbé Jean Bossan pousse ses paroissiens à implorer la protection de la Vierge et à faire le vœu d'ériger une statue en son honneur si la ville est protégée.
L'évêque de Valence-sur-Rhône, Monseigneur Camille Pic, lance ensuite le mouvement départemental par le biais de la Semaine religieuse du diocèse de Valence-sur-Rhône, Die et Saint-Paul-Trois-Châteaux du 26 juillet 1944. La date du vœu est fixée le 15 août 1944, fête de l'Assomption. La majeur partie des commentaires ci dessous proviennent d'une rubrique parue dans le bulletin municipale N°108 de la ville de Grignan de Février 2023.
Pour que tout soit parfait dans cette "résurrection", je pense qu'un petit toilettage de la statue lui ferait le plus grand bien.
J'avoue aujourd'hui être passionné par cette histoire de Vierge du vœu, histoire que j'ai découvert lors de recherches sur la seconde guerre mondiale. Je ne suis pas vraiment un catholique pratiquant, juste baptisé enfant, mais à chaque visite d'une statue, je découvre une histoire différente, elles me servent aujourd'hui de file rouge pour découvrir de nombreux petits villages de la Drôme, souvent avec un petit resto bien sympa, villages que jamais je n'aurais connu sans leurs présences...et il est beau notre département !
Pour la petite histoire de ces vierges du vœu, la première statue à être érigée suite à ce vœu fut celle d'Ambonil et bénie le 15 juillet 1942 par le vicaire général Alexandre Soulas après quelques déboires politico-financier. Statue détruite la veille de son inauguration suite à des petits conflits entre laïc et catholique...pas facile ces histoires de religion!
Il reste deux photos de la cérémonie conservées par René Jensel, notre président de la Cartophilie. On y voit les participants rassemblés autour du curé Lachave, des diacres, des religieuses, des enfants de chœur et des communiants, dans un paysage qu’aujourd’hui on ne reconnait pas, tant il a changé. Les arbres, maintenant omniprésents, s’effaçaient devant les cultures et le contournement de Grignan n’était alors qu’un humble chemin rural.
(source: Bruno Durieux dans le bulletin municipale N°108 de la ville de Grignan. Février 2023)
ORATOIRE NOTRE DAME DU PARADIS26 GRIGNAN 26146FRANCE
La statue est une épreuve en série de Notre-Dame de la Confiance, oeuvre du frère Marie-Bernard, moine trappiste et sculpteur. Photos Frédéric Seiller (2021) Situé au pied du serre de ...
Les oratoires du canton de Grignan,
Grignan, Serre de Rochecourbière (R. N. n° 541). Oratoire à Notre-Dame du Paradis, vue d'ensemble. © Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel reproduction soumise à au...