Le Canal de Pierrelatte à Donzère (Drôme 26700)

Ce 06 Mars 2022, mon fils ainé est en déplacement dans la région lui qui vit en Normandie et comme il s'embête un peu, j'ai une ballade à faire du côté du "Vallon Lafarge" à Viviers...mais sur le chemin une pause pour voir de plus prés l'entrée de ce "canal de Pierrelatte" peu connu dans la région sauf par les agriculteurs et les  anciens bien sûr. 

Dés sa création, le canal éprouve toutes sortes de vicissitudes. Après la ruine des premiers entrepreneurs, il devint successivement la propriété de divers concessionnaires qui finirent tous par se retirer en le cédant à perte. Vers la fin du XVIIIème siècle, on le trouve dans les mains des propriétaires arrosant qui s'étaient réunis en association pour l'exploiter.

Au bout de quelques années, ils étaient aussi découragés que leurs prédécesseurs et prirent le parti de se retirer. Comblé pendant la Révolution, le lit principal fut rouvert sous le premier Empire, mais les irrigations ne fonctionnèrent que très irrégulièrement jusqu'à janvier 1838, date à laquelle une société anonyme se mit résolument à la tête de l'entreprise. Ce canal de Pierrelatte était alimenté par l'eau du Rhône à hauteur du pont du Robinet à Donzère, à quelques encablures de l'entrée du canal de Donzère-Mondragon.

Il y a de nombreuses années que ces vannes n'ont pas étaient manœuvrées, et pour cause, ce canal est aujourd'hui remplacé par un canal bien plus contemporain et imposant, le canal sur le Rhône de Donzère à Mondragon.

Le canal dit de Pierrelatte est le premier canal de dérivation des eaux du Rhône, initié dés 1689 avec une prise d'eau au robinet à Donzère. Mais ce n'est qu'au XIX siècle que le réseau secondaire est développé et forme encore aujourd'hui sur Pierrelatte un impressionnant maillage. En ces périodes de sécheresses répétitives inutile de préciser que ces canaux ont encore un bel avenir devant eux.

L'origine de ce canal de Pierrelatte remonte à plus de trois siècles. Par lettres patentes du 13 juin 1693, le Roi Louis XIV le concéda à son cousin, le Prince de Conty, à titre perpétuel, avec autorisation d'établir dans le Rhône, près de Donzère, une prise d'eau destinée à arroser les territoires des communes traversées jusqu'à Mondragon, sur la rive gauche du fleuve.

Dés 1887, le canal principal s'oriente vers le sud-Est et va jusqu'à L'Ouvèze et prends une dimension supplémentaire (industrielle) par l'alimentation notamment de sucreries. Outre les réseaux secondaires et tertiaires encore subsistant, les deux canaux principaux existent encore par endroit, voire dans sa dimension initiale pour le principal dérivé, à Saint-Paul au niveau du domaine du Chamier.

Autorisée par Ordonnances Royales des 8 juin 1841 et 26 mars 1843, elle remonta la prise d'eau dans le Rhône jusqu'à l'entrée nord du défilé de Robinet, là ou je me trouve aujourd'hui, rétablit les anciennes dérivations et en ouvrit de nouvelles dans la commune de Pierrelatte.

La prise de possession du canal par l'État fit sensation dans le pays. Il semblait aux riverains qu'une heureuse transformation allait s'accomplir. Malheureusement, l'exploitation fut plus catastrophique que par le passé : de 204 hectares arrosés pendant une période de 23 ans, de 1838 à 1861, on tomba à 152 hectares de 1861 à 1870. Considérant qu'il n'avait plus intérêt à maintenir plus longtemps le canal sous sa gestion, l'État le vendit aux enchères. Après plusieurs tentatives infructueuses, il se présenta un Maître des Forges, Léopold de la Vallée Poussin, qui s'en rendit adjudicataire.

En raison de la construction du canal navigable de Donzère-Mondragon, le tracé du canal du midi fut coupé, cette prise d'eau ne sert plus d'où l'état d'abandon des vannes

Aujourd'hui, la nouvelle prise d'eau qui alimente aujourd'hui tout les canaux d'irrigation de la plaine de Pierrelatte se font dans le canal de Donzère-Mondragon à hauteur de l'entreprise FABEMI proche du pont de la nationale 7 à hauteur de Donzère.

Une martelière est un ouvrage qui permet la distribution des eaux d'irrigation à partir d'un chenal d'amenée de cette eau.  Elle est munie d'un batardeau mobile (c'est-à-dire une vanne) constitué d'un panneau vertical en bois ou métal. Ce batardeau, en raison de sa dimension, peut être réglable en hauteur par une vis sans fin mue par une manivelle.

Le canal construit entre1947 et 1952 avait le triple objectif de fournir suffisamment d'énergie au Pays, de permettre une navigation commerciale importante et régulière et d'irriguer régionalement. Il à une emprise de 175 hectares sur les meilleurs terres ouest de Saint-Paul.

Saint-Paul à bénéficié de la création d'un réseau d'irrigation par gravité construit vers 1955, matérialisé sur le terrain pas des aqueducs en béton. Ce qui subsiste de ce reseau est encore partiellement utilisé.

Le Dauphiné du 06 Avril 2022

La Tribune du 07 Avril 2022

Le canal de Pierrelatte, de sa création à 1919

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