18 Juin 2023, une coupure du Dauphiné Libéré, encore une, (dommage que ce journal soit moins riche de ce genre d'articles depuis le 4 mai dernier, date du changement de sont format), donc un article qui date du 24 Aout 2020, et voici mon objectif du jour, entre autres, ce toueur échoué à Valence depuis de nombreuse années. Un sujet qui m'intéresse car jamais entendu parlé de ce genre de bateau étrange.
Situé au Sud du port de L'épervière, en bordure de la Viarhona, il est difficile à apercevoir avec la végétation du moment, par contre facilement repérable sur Google Map.
Son histoire fait partie intégrante de l'histoire du Rhône, mais pour le moment il est dans un triste état. Ce bateau de 53 m de long pour 8 de large, "Ardèche" de son petit nom repose sur le flan dans la vase de bordure du Rhône, drôle de fin pour se vestige du patrimoine Rhodanien.
Le toueur en rade à l'état d'épave dans le port de plaisance de l'Épervière à Valence, a été construit en 1896. À l'origine, il pesait 325 tonnes. Contrairement aux autres toueurs, tous partis à la casse, il a échappé aux ferrailleurs grâce à Pierre Bonnet, aujourd'hui décédé, alors maire de La Coucourde-Derbières, qui l'avait racheté dans les années 1970. Mais des menaces planent sur ce dernier représentant d'un patrimoine exceptionnel.
C'est au début du XXème siècle que les toueurs deviennent obsolète en raison de l'évolution la navigation fluviale motorisée. Les progrès techniques, au tout début du 20e siècle, avec des remorqueurs plus performants et la concurrence du chemin de fer auront raison de cette courte aventure fluviale qui s'éteindra autour de 1936.
Le toueur « l'Ardèche » en sera le seul rescapé. Utilisé jusqu'en 1974 par la Société des Grands Travaux de Marseille pour la construction du barrage de Donzère, puis de Charmes, il coulera une première fois avant d'être renfloué. L'association l'acquiert, avec l'aide du Département de la Drôme et l'entrepose aux chantiers fluviaux de La Coucourde au nord de Montélimar. On le déplace en 1983 à Valence au port de l'Épervière comme la première pièce d'un futur musée de la batellerie du Rhône qui ne verra jamais le jour. Il est depuis 1988 échoué en aval du port.
En 1996 le toueur a fait l'objet d'une procédure lancée par les Voies navigables de France (VNF) visant sa confiscation et à terme son ferraillage. La Conservation des monuments historiques et VNF ont envisagé à cette époque sa protection mais faute de projet de mise en valeur la demande n'a pas abouti.
En 2004, la maison du Rhône a été mandatée par la ville de Valence, la Chambre de commerce et d'industrie, la Compagnie nationale du Rhône et les Voies navigables de France pour lancer une étude visant à évaluer le coût du sauvetage. Le rapport d'expertise préconise de fermer le site par une digue légère afin de vider progressivement la coque de la souille et d'effectuer les mesures de conservation de première urgence. En 2013 était confirmée que la domanialité était celle de VNF. Alors en 2018, pourquoi ne pas se poser à nouveau la question de la protection au titre des monuments historiques de cet Unicum* de la batellerie fluviale du 19e siècle car parfois «face à certaines formes d'oubli dans lesquelles a plongé l'aventure rhodanienne, le devoir de mémoire s'impose…». (Source: cartepatrimoine.ladrome.fr)
*Chose unique dont on ne peut trouver d'autres exemples, qu'on ne peut reproduire.
Le toueur était un type de bateau amphidrome se propulsant par touage d’une chaîne ou d’un câble reposant sur le fond. Le toueur apparaît au XIXe siècle, avec l'introduction progressive du machinisme dans les procédés de propulsion. Il va jouer un rôle majeur dans la traction des bateaux en navigation intérieure sur les fleuves, les rivières et aussi les canaux. Rarement porteur, le toueur va surtout être utilisé comme remorqueur de bateaux porteurs non motorisés, tels que des chalands ou des péniches
La vapeur créée actionne un moteur à piston qui actionne lui-même un engrenage autour duquel s’enroule une chaîne immergée au fond du fleuve. Selon le principe du touage, l'engin se hale lui-même grâce à un treuil embarqué motorisé et à l'aide d'une chaîne immergée et fixée solidement au sol aux deux extrémités du parcours sur lequel il travaille. Un toueur peut emmener ainsi une trentaine de bateaux chargés à 250 tonnes chacun. Ils seront une alternative aux locotracteurs circulant sur une voie métrique du chemin de halage, comme à Liverdun.
Le jour de mon passage, un couple de cygnes et ses cinq cygneaux sont venu se reposer sur l'épave abandonnée, peut être un bon présage pour cette amas de ferraille qui sert aujourd'hui de repaire pour les taggueurs de tout genre pas toujours des plus doués.
Aujourd'hui cette épave risque vraiment de disparaitre du paysage et ce serait vraiment dommageable, c'est le dernier exemplaire en état d'être restauré existant en Europe, peut être faudrait il faire un cygne, pardon un signe à Stéphane Bern et le loto du patrimoine pour sauver ce témoin du passé.